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MetaMardiNoir

Elle met du vieux pain sur son balcon pour attirer les moineaux les pigeons *air connu*. Désolée, en plus je déteste Francis Cabrel.

Sauf que j’ai jamais fait ça, quelle horreur. C’est dégueu un pigeon. Nan, en fait j’ai fait pire. Souvenez-vous, il y a un an, j’avais fait une vidéo sur le rangement/tri/abomination de mon appartement à l’abandon où j’avais été jusqu’à retrouver des vieilles tranches de pain de mie grillé au fond d’une boite censée contenir du sucre. Je pensais avoir atteint l’acmé de la mélancolie ménagère avec cette trouvaille mais c’était sans compter sur la découverte que j’ai faite sur mon balcon il y a quelques jours. La vie est née. Et ça m’a tant émue que j’ai reporté la sortie de l’article avec revetaphoto.com (oui on a fait une nouvelle super photo psychanalytique, et bah ça attendra. parce que merde j’ai des bébés pigeons sur mon balcon et ça c’est super mega plus important. )

Pigeon en train d’analyser la situation géographique du quartier. ratio confort-sympathie-accueil pour rapports sexuels réguliers et couvée

Cela fait plusieurs mois que je me dis que mon balcon est un bordel à pigeons. En fait même ça fait plusieurs années au printemps que je me fais cette remarque, en mode, « Manu, préoccupe-toi de virer ces foutus oiseaux qui viennent consommer sous tes yeux plus souvent que toi la beauté du geste sexuel ». Donc tous les ans, je les vire. Tous les ans, dès que je suis chez moi et que j’en vois je me lève de mon fauteuil et je tape dans mes mains pour les faire déguerpir. Mais je dois le faire mollement, à ma façon, si bien que chaque année, ils débarquent de nouveau. Et ce printemps, me suis dit « fuck ». Bah allez, venez les piafs, je m’en fous. Et j’ai vu que mon balcon se transformait en tripot à pigeons, à base de deux ou trois en train de causer, roucouler, me saouler.

Il se trouve qu’il y a quelques années j’ai eu un chat. Là vous vous dites, ok coq à l’âne, de quoi pourquoi elle nous parle de son chat d’un coup, mais ça a un rapport, juré. Bref ce chat je l’adorais, je l’ai adopté à des gens qui l’abandonnaient à moitié, qui m’avaient expliqué que potentiellement il avait été empoisonné par je ne sais quoi (oui bon ok là ça a peut-être moins de rapport avec les pigeons mais tant pis, c’est pour expliquer, tenter de justifier comme je peux ce qui va suivre), bref ce chat c’était Cosette. Un an après l’avoir eu, elle s’est mise à tousser et elle est morte huit mois après, d’un cancer des poumons, à moins de trois ans. Bref traumatisme, histoire triste, #encorenedeuildecechat.

N’était-ce pas le chat le plus mignon du monde. '(

Et bien figurez-vous que je n’ai jamais pu me séparer de sa litière, qui est un gros bac avec toit et porte battante, genre la maisonnette du caca. J’aurais pu la donner, la jeter, la mettre à la cave, et bien non j’ai décidé de la mettre sur mon balcon, et ça fait maintenant bien 5 ans que cette litière (vide je vous rassure) est là. Et bah v’là ‘ti pas ce qui a rené (du verbe renaitre, pas le mari mort de Céline Dion) de ses cendres là dedans. Des pigeons pardi !

Laisse-nous tranquille Manu, casse toi !

J’ai une famille pigeon sur mon balcon. On a noué des liens tellement fort que maintenant quand je tape dans mes mains (juste pour faire le test hein je laisse les parents s’occuper de leurs petits, je ne tue personne et n’emmerde personne ok. J’anticipe les commentaires vegans) et bien quand je tape donc dans mes mains, ils s’envolent plus ces cons, zont pas peur, sont là à la cool, ils me regardent du coin de l’oeil style « wesh on va peut-être même faire une deuxième couvée ».

La mère qui pose pour moi sur les photos, belle gosse dans le reflet.

edit 17h44. Putain j’ai vu un oiseau débarquer en mode prédateur, beige et bleu, j’ai tapé ce plumage dans google et je l’ai reconnu. un geai des chênes. Nan mais c’est ouf. je l’ai viré c’est des pilleurs de nid apparemment. Mais quel zoo, bordel. Et les parents pigeons en mode à la cool en face qui foutent rien. Si je le revois j’essaie de le prendre en photo avant de le virer.

Le morcellement. Ca, c’est bien une notion qui m’a longtemps paru incongrue, ou plutôt j’avais dû mal à saisir cliniquement ou au travers de mon expérience de sujet, ce que ce terme recouvrait.

Parce qu’il faut bien le reconnaitre, pour la plupart d’entre nous, le vécu morcelé est un très lointain souvenir. Le leurre du miroir a opéré, enfant nous avons jubilé face à ce qu’on a reconnu comme nous-même, étayé d’autant plus par la parole d’un adulte qui a validé cette image comme étant la nôtre. Et même si je m’évertue à amener l’idée que la totalité et l’unification corporelle n’est qu’une identification à une image extérieure, on est bien content que cette illusion fonctionne !

Alors certes, il y a bien ces moments d’inquiétante étrangeté, ces moments fugaces de vérification que tous nos membres sont bien en place, ces instants de diffusion corporelle que peuvent provoquer certaines drogues ou certains états d’euphorie. Ce sont les témoins, les retours du refoulé d’un vécu éclaté.

Pour certaines personnes, notamment les personnes schizophrènes, il faut apprendre à vivre avec ce vécu et le rendre moins désorientant, moins angoissant. Récemment j’ai vu le documentaire « A ciel ouvert » de Mariana Otero, que je ne suis pas sure de conseiller par ailleurs. Sans rentrer dans les détails, j’ai trouvé que les protagonistes usaient et abusaient du jargon lacanien et le film a plusieurs longueurs qui ne rendent pas justice au propos. Cependant, il y a un moment passionnant où certains praticiens évoquent l’image que ces enfants psychotiques ont d’eux-mêmes. L’un raconte comment il a demandé à un jeune homme d’aller se laver en lui disant « lave-toi ». Celui-ci est allé dans la baignoire. Quelques instants plus tard, l’éducateur va vérifier où il en est, le jeune était resté immobile dans la baignoire. L’éducateur lui a alors dit qu’il pouvait commencer par les mains, le jeune homme a obéi, s’est lavé les mains et voilà, ce qui lui a permis de comprendre à cet instant qu’il lui fallait énumérer toutes les parties du corps pour que cela prenne sens pour ce sujet. Le « toi » semblait ne renvoyer à rien. D’autres ont alors raconter que pour certains le « lave-toi » provoquait des gestes sur le devant du corps, de façon plane, comme si il n’y avait pas de prise en compte, et du volume du corps et de sa partie cachée. Une identification complètement collée à la surface pourrait-on supposer.

Dans l’image/photo que j’ai proposée, je voulais rendre compte de cette non-totalité, au delà même du morcellement. Si on regarde bien l’image, ce sont certes des pièces de puzzle mais elles sont non-emboitables, une façon de spécifier l’effort de rester entier par moment, que cette unification ne va pas de soi, qu’elle est une construction plus ou moins précaires suivant les sujets.

Dans la main se trouve l’objet a, duquel Lacan disait « l’objet a, le psychotique l’a dans la poche ». Pour rappel, l’objet a est une invention conceptuelle de Lacan qui se rapproche assez de ce que Freud appelait l’objet perdu. Ici c’est l’objet perdu du fait du langage. J’appelle Maman et elle n’est déjà plus là, du fait même que je l’appelle c’est prendre le risque de son absence. (J’ai pris maman ça pourrait être n’importe qui) Et cette absence est cause de notre désir.

Dans le vécu psychotique, le langage n’a pas provoqué cette perte de la même façon. L’objet a, le sujet s’y accroche, au risque que le langage ne l’attaque lui directement. Sur la photo on voit cette main qui s’accroche à l’objet, je garde l’objet même au risque de ma désintégration physique. C’est ce qui donne les signes dans la psychose, ces mots qui font office d’ordre, d’injonction, qui concernent le sujet et lui font se sentir porteur d’une mission, quand le délire est fortement installé. Comme l’objet est toujours là, dans la main, dans la poche, c’est le sujet entier qui peut se confondre avec l’objet, le poussant parfois à se faire objet, objet de jouissance, objet-déchet, objet de sacrifice etc. Ce n’est plus ce petit objet métaphorique qui a été mis en circulation, mais bien le corps, dans son ensemble diffracté.

crédits photo. revetaphoto.com

Voici la première image de la collaboration psychanalytico-photographique entre Reve ta photo et Mardi Noir. J’ai voulu, à ma manière, et avec l’aide esthétique du studio photo, représenter le schéma L, de Lacan. Le fameux schéma des premières années de séminaire, l’intersubjectivité selon son auteur et nous allons voir que ce n’est pas une mince affaire. Cela dit, c’est par cette entrée que je suis tombée complètement sous le charme de la pensée lacanienne. C’est un schéma qui n’apporte pas de réponse toute faite sur notre rapport au monde mais qui soulage à bien des égards et surtout qui ouvre à d’autres questions.

Je me suis permis d’ajouter des points théoriques de la pensée de Lacan qui chronologiquement arriveront plus tard, mais pourquoi s’en priver ?

Commençons par le Sujet. en haut à gauche du schéma. Représenté dans les premières années sans barre, il sera ensuite toujours écrit « $ », S barré, c’est le Sujet divisé. Pourquoi parler de division subjective ?

Premièrement si on se réfère à Freud et ses différentes topiques. Inconscient-Préconscient-Conscient puis Ça-Moi-Surmoi, on se rend compte que de définir le Sujet en le rapportant à différentes instances, c’est déjà montrer qu’il n’y a pas de totalité subjective, qu’il y a conflit au sein même du Sujet, il est donc divisé. dois-je manger ce gâteau au chocolat qui me ferait tant plaisir ou continuer mon régime pré-estival pour rentrer dans ce maillot de bain Sandro couleur sirène qui me tente tant. Dilemme cornélien, on est d’accord.

Deuxièmement, le Sujet est divisé par le registre Symbolique (la culture, le langage), appelé le grand Autre (incarné en bas à droite de la photo). Le Sujet est fondé par l’Autre (d’où la flèche qui part de l’Autre vers le Sujet) et dans le même temps cette fondation signe sa division. C’est la partie aliénée du Sujet, pourtant fondamentale pour advenir. La culture impose sa loi au Sujet qui s’y assujetti, les grands interdits étant l’inceste et le meurtre.

Pourquoi est-il divisé par le langage. Le Sujet est sujet du signifiant (le signifiant étant l’image acoustique d’un mot, ça résonne… et non le concept, le signifié, qui… raisonne), et ce signifiant est lui même rattaché à un autre signifiant etc. Le signifiant n’est donc pas unique.
Par exemple. pendant mon enfance on m’appelait souvent « mon chat », ce « chat » est rattaché aux souvenirs des chats de la famille et de la charge affective attenante, je m’aliène donc à ce signifiant « chat ». Ce signifiant « chat » peut me renvoyer personnellement au chat que j’ai connu dans mon enfance, mais pour ma mère qui me donne ce nom, au départ « chat » lui renvoie à encore d’autres chats, que je n’ai pas connu. Il y a donc une multitude de chaînes signifiantes qui fondent le sujet. De plus en parlant de cela, je pense au chat de mon enfance et je repense à sa couleur, noire, ses yeux jaunes, les souvenirs autour de ces couleurs. La mort de ce chat quand j’ai douze ans me renvoie à des évènements qui s’y rattachent la même année etc. « Mon chat » n’est pas juste un concept (tout le monde sait ce qu’est un chat), c’est surtout tout un rappel de signifiants, la plupart d’entre eux étant refoulés au fin fond de mon inconscient.

Enfin, comme dit très justement un jour par un prof. quand on peut nommer, notamment souvent en premier « Maman » c’est un nom qu’on donne à la perte. Quand on parle, quelque chose se perd, et on a beau parler, on ne sait pas souvent bien ce qu’on raconte, ça parle, ça s’échappe, ça rend flou 🙂
L’objet perdu à ce moment est nommé par Lacan, « objet a » cause du désir. Ici représenté par la fleur à gaude du Sujet. Ce n’est pas tant un objet qu’on cherche, on dirait plutôt que sa perte fonde le désir, la recherche, et finalement plus on le cherche moins on le trouve et on continue de désirer.

Le schéma d’origine

Passons au grand Autre. lui aussi est barré. Même si il n’est pas représenté comme tel sur le schéma d’origine, assez vite, Lacan parlera du grand Autre barré. C’est à dire que la culture, le langage, comme le Sujet, n’est pas totale. C’est pourquoi sur la photo, j’ai voulu représenter cet être drapeau qui perd son pantalon. 😀 Pourquoi le langage est-il également barré ?

Et, bien de fait, si le langage n’est pas total, il se construit de signifiants en signifiants, de signifiés en signifiés. Pour le signifié, qui est le mot-concept, si je veux définir chat, je dois utiliser d’autres mots-concepts. mammifère, animal, poilu (etc) qui eux-mêmes sont définis avec encore d’autres mots etc.
De plus, ce grand Autre, n’est pas le président de la république, ni Dieu, ni la science mais nous pouvons par moment attribuer à ce genre de fonction cette qualification de grand Autre, comme finalement instance qui nous assujettit et nous castre. Dans la névrose, on va chercher à s’accommoder avec cette castration, on va se poser des questions, on va parler des heures de politique ou de religion etc, s’exalter, se déprimer. Si le président fait de la merde, on va se dire qu’il est con, qu’il fait n’importe quoi, qu’il pense à ses intérêts, m’enfin c’est souvent pour qu’il puisse lui-même se sauver les fesses quand ça chauffe.
Dans la psychose, et plus spécifiquement, dans la paranoïa, ce grand Autre n’est pas barré, il est tout puissant, on lui attribue des envies, des manipulations, il est incarné comme persécuteur, car il est le TOUT, il ne lui manque rien, donc ses actions sur les sujets sont forcément pour sa jouissance personnelle purement gratuite d’un monstre sans limite. On retrouve le père de la Horde de Totem et Tabou .
Si on en revient juste à la définition du grand Autre comme Langage, nous pourrions dire que le névrosé jouit du langage, utilise les mots pour tenter de résoudre bien maladroitement souvent sa question singulière. Dans la paranoïa, le Sujet est joui par le langage, les mots utilisent le Sujet, il se sent manipulé, ce qui le pousse à trouver une réponse logique, c’est souvent le délire.

Et enfin la diagonale imaginaire moi – petit autre souvent réduite ainsi. a – a’

C’est la diagonale du miroir, de l’expérience d’un moi du Sujet, en bas à gauche, vécu comme morcelé, notamment par le langage de l’Autre (d’où la flèche qui va de l’Autre vers le moi, sur le schéma). Par exemple, au tout petit, j’attrape son pied, et lui dis, c’est ton pied. Je lui parle, l’appelle de plusieurs signifiants, il y a découpe du Sujet. Bref ce Moi, qui ne s’est encore jamais reconnu dans l’image du miroir ou dans un petit autre qui lui ressemble (par exemple à la crèche, à l’école etc), se vit morcelé, et par les signifiants et par sa propre perception de lui-même, on ne se voit jamais tout seul comme unifié. Jusqu’au jour où le Moi du Sujet se voit dans ce petit autre et s’identifie de suite à cette image. Pourquoi la flèche sur le schéma, va du petit autre au Moi. Parce qu’encore une fois, c’est par l’image que le Moi s’unifie, cette unification est extérieure. C’est un leurre, souvent à renouveler. Voir le plaisir du selfie, de se mater dans la glace, de regarder les autres dans le train etc. Si ce leurre est barré par la diagonale symbolique, comme sur le schéma, c’est un leurre qui peut avoir ses limites. Je me regarde dans le miroir, je m’enivre de mon image, puis j’en sors, je me dis « oh bizarre, agréable, désagréable, etc ». Si je n’ai pas la possibilité de limiter cette expérience, c’est encore là que la paranoïa peut advenir. L’image me parle personnellement à Moi.

J’espère vous avoir apporter quelques billes pour capter ce schéma de la mort hyper complexe. Le petit livre de Alain Vanier Lacan m’a super bien aidée pour écrire cet article, pour les courageux qui souhaitent aller plus loin, c’est un auteur que je trouve très clair et qui ne vulgarise pas trop non plus, on ne perd pas le propos de Lacan, Vanier tente surtout de le rendre accessible, et si on ne comprend pas tout c’est pas bien grave.

Aux étudiants en psycho. s’il vous plait, complétez avec d’autres sources que la mienne !

Pour ceux qui tombent ici par hasard et ne connaissent pas mes vidéos, je vous encourage à poursuivre avec :
Le narcissisme. https://youtu.be/KvmMUJuOVvk
La métaphore paternelle. https://youtu.be/yTWJOJsLTbY
L’objet a. https://youtu.be/R5WrC9DQ-k8
L’objet regard. https://youtu.be/Hgh_MmyNC5E

Si vous suivez mon activité internet depuis un moment, vous savez que je ne fais de la publicité pour rien ni personne. A part peut-être indirectement pour Michel Onfray, et de ce fait, mon karma se portait mal. Putain. C’est peut-être pour ça que mon mec m’a larguée. Saleté de Michel, tout est de sa faute.

Une fois donc n’est pas coutume, je vais faire de la pub à des gens super bien. Lui est photographe, Elle est prof de socio/anthropo à l’université (tiens d’ailleurs, c’est elle, ma copine, qui m’avait invité à donner un cours durant un de ses travaux dirigés et j’en avais fait article/vidéo juste » ici » ) et ensemble Ils ont créé leur studio photo qu’ils ont appelé. REVE TA PHOTO

Le concept étant de détourner les photos faire-part qui peuvent parfois virer un peu à la sauce crème béchamel guimauve et licorne, mais également les photos de famille, les shootings que certains souhaitent s’offrir etc. L’idée ici c’est no limit, toujours dans le respect de la loi évidemment, mais c’est quand même bien plus rock’n’roll que la plupart des studios tradi.

Voilà ce qu’ils sont capables de réaliser

Evidemment c’est payant, évidemment je ne suis pas en train de vous dire hey les gars allez faire une photo ce serait sympa pour mes potes. Non. On va dire en revanche que si jamais vous aviez en tête, l’envie, la nécessité, l’urgence vitale de réaliser une photo, quelle qu’elle soit, et bien ils existent, ils sont super, et ils veulent s’éclater aussi. On va dire également que cela me chagrine qu’ils n’aient pas un peu plus de visibilité vue la force délirante qui peut s’échapper de certaines prises de vue. et on s’en rend bien compte sur leur instagram (je suis super nulle non. je veux dire pour faire de la pub aux gens, j’ai l’impression de vous vendre des yahourts… merde quoi. allez liker leur page. je sais maintenant pourquoi je ne suis pas une communicante marketing)

Surtout que là, je vais vous balancer les deux photos qu’on a faites ensemble, en mode glamcroc’ et hip-hop hippo, mais qu’il est très fort probable dans un avenir proche qu’une collaboration entre Rêve ta photo et MardiNoir voit le jour pour mettre en scène via la photographie des concepts psychanalytiques. Et j’ai trop hâte de découvrir le résultat. En attendant, si le concept vous amuse et que leur univers mi-tendre mi-fou vous éclate, je vous invite à les suivre sur instagram ou sur facebook .

Vous ai-je dit que je m’étais faite larguer comme une vieille chaussette (ça c’est pour le côté je veux susciter de la pitié, j’ai droit, c’est récent) il y a une quinzaine de jours. Je crois que je le mentionne de manière très vague au début de ma dernière vidéo sur le tatouage… Mais je pense qu’il est peut-être temps de parler d’amour, d’amour raté en fait, plus précisément. Parce que c’est l’histoire de ma vie. Et j’ai beau avoir quatorze ans d’analyse derrière moi, je crois que j’ai mis le doigt enfin sur quelque chose et ce quelque chose ne me rassure pas des masses. je suis dépendante et je ne vois pas vraiment l’intérêt de changer. Parce que ça ne me dérange pas, éthiquement, et philosophiquement, d’assumer l’idée que oui, j’ai besoin des autres, j’ai besoin d’un autre, j’ai aussi envie, j’ai le désir etc. Je ne me suffis pas. Du tout. Pourtant je me considère, dans la limite de l’inaliénation disponible, plutôt libre. Libre de penser, de m’exprimer, de fréquenter qui je veux, de m’habiller comme je le souhaite, bref, cette liberté m’est extrêmement chère et pour rien au monde je ne veux d’un partenaire qui restreint cette liberté. Et What The Fuck. C’est quand j’aime et que je suis aimée, que je me ressens la plus libre, bizarrement c’est via cette dépendance que je vis bien la solitude, être seule en présence de l’autre comme dirait Winnicott.

Alors ok. Non parce que on m’a expliqué que c’était mal d’être dépendante, la société me dit que je suis pas une femme accomplie si je dis que j’ai besoin d’un homme (mon cas très hétérocentré mais je pense que ça vaut pour tous les gens qui s’assument dépendants). Je conçois tout à fait l’indépendance de certains et grand bien leur fasse. Moi je rêve d’un petit logis provincial avec mon chéri, vivre sans de grands moyens, je n’ai pas une ambition professionnelle folle, en revanche j’aime la fibre artistique, la mienne et celle de l’autre. Peut-être. Non. Sûrement. C’est pour ça que je ne sors qu’avec des artistes.

Je trouve par ailleurs que la vie est bien plus douce à deux, et à plusieurs, entre couples et entre amis, en famille. La chaleur. Se tenir chaud, comme l’a dit si justement un jour une de mes amies.

On va où avec de tels mots. Aucune espèce d’idée. Même si au bout d’un moment le célibat redevient une forme affective tout à fait envisageable. Ce qui me perturbe, de façon extrêmement singulière, c’est le changement. Quand je donne ma confiance à quelqu’un, j’y suis à fond, je me donne. J’ai cette espèce de vision old school de l’effort dans le couple. J’ai la sensation que tout se dépasse et tout peut se régler. Quand j’aime c’est jamais à moitié. Et cela doit être effrayant pour l’autre.

Et aujourd’hui j’ai peur. Peur de rencontrer de nouveau quelqu’un. Peur de m’attacher. Peur de découvrir un nouveau corps, une nouvelle voix. Encore. S’y habituer. S’y plaire. Et devoir la quitter.

Je dédicace cet article à la paroisse qui a grandement participé à faire de moi ce que je suis aujourd’hui.

Dimanche. Jour des lessives, des masques capillaires, et autre argile sur le visage. Mais surtout jour du Seigneur. Ou pas.

Le masque de la foi

Hier on m’a demandé mon rapport à la religion, dans le cadre d’un petit entretien. Et comme à chaque fois qu’on me pose cette question, j’ai un souvenir ému pour mes années d’enfance et d’adolescence durant lesquelles, et vous n’allez pas le croire, j’allais à la messe tous les dimanches. Cette énième évocation de ce parcours au catéchisme et à l’aumônerie m’a donné envie de partager mon ressenti vis à vis de la religion. C’est une question que je trouve difficile. J’ai le sentiment qu’en France, parler du religieux équivaut toujours à une caricature. Et dans les milieux laïcards (pas laïcs hein laïcards voire anti-religieux) ce n’est pas une mince affaire que de s’exprimer sur cette question là sans avoir des rires gras ou un regard empli à moitiés égales de pitié et d’incompréhension.

Si t’es catho t’es pédo, si t’es musulman t’es terroriste, si t’es juif euh t’es juif, t’es déjà une caricature à toi tout seul.

Je vais pas faire durer le suspense plus longtemps, je suis athée. C’est à dire que je ne crois pas en Dieu. Ce n’est pas pour autant que je n’ai pas d’histoire avec la religion. Et être athée c’est aussi un positionnement vis à vis de cela. Il me semble d’ailleurs qu’interroger son athéisme est aussi intéressant que d’interroger sa foi religieuse.

Mes parents ont eu une éducation religieuse, bien que scolarisés dans le public, ils allaient à l’église et suivaient des ateliers de catéchisme. Je crois qu’ils en ont gardé un bon souvenir. Et leur pratique religieuse s’est perpétuée de manière inégale durant l’âge adulte. Après pas mal de déménagements en France, les voilà installés à Paris, peu de temps avant ma naissance. Et la paroisse, il faut le dire, est un bon lieu de lien social quand on débarque dans une ville et qu’on aimerait rencontrer du monde (au même titre que les autres lieux de culte). Alors ils s’y investissent, surtout ma mère, et quand j’acquiers l’âge de suivre des ateliers j’y suis inscrite. Il faut l’avouer, de mes 3 ans à mes 11 ans (maternelle/primaire), j’en ai un peu rien à foutre, c’est la routine, le quotidien, ça ne me fait aucun mal (à part les bisous appuyés de Père A.) (ahah non Père A. n’est pas pédophile mais Père A. aurait peut-être dû se marier et faire des gosses plutôt que de nous démontrer un peu trop son affection… Ah que je n’aimais pas les bisous de ce prêtre. je n’aimais pas non plus les chips périmées qu’il nous offrait, c’est pas dans cette église qu’on aurait mangé de la grande bouffe luxueuse, les prêtres y étaient missionnaires ( mode de vie très modeste et nomade ( la sédentarité ne dure que quelques années à chaque endroit )).

Regard rempli de foi au baptème de ma cousine / cierge-phallus bien trop grand mais qui me rendait fièèèèère 😀

Et puis en 6ème, je découvre l’aumônerie (même paroisse mais autre lieu, destiné aux collégiens et lycéens). Enfin je la découvre de loin, parce que ça me saoule grave de participer au groupe hebdomadaire pour réfléchir à Jésus Christ. Comme je vous dis, j’en ai globalement rien à carrer. Mais j’ai entendu dire que l’aumônerie organise des week-end dans l’année et ça. je veux y aller. je sens le bon plan de potentielle éclate. Alors très inquiète je demande à l’aumônier si je peux venir aux week-ends sans venir au groupe hebdo, inquiète d’être obligée d’y participer, et Père M. me dit que bien sûr je viens à ce que je veux. Je découvre les week-ends, mes premières nuits blanches, les bataille d’eau, les jeux, les veillées, les promenades, et toujours la messe le dimanche, mais autant de rigolade vaut bien une heure de messe.

A partir de la 5ème je vais au groupe hebdo, je pose mes questions, je dis que je trouve ça un peu con les miracles et toutes les paillettes qui englobent les évangiles. On m’explique avec des mots beaucoup mieux appropriés ce qu’il y a dans les textes. Et surtout on m’enseigne la tolérance et l’amour du prochain. Bon alors ça évidemment, en tant que psychanalyste aujourd’hui je trouve que cela a ses limites, l’agressivité est aussi présente que la tendresse et l’une sous-tend souvent l’autre MAIS ce que j’ai appris surtout c’est quand même une forme de respect et d’écoute et de ne pas tomber dans les travers d’adolescent (que je vivais par ailleurs au collège/lycée) à se moquer, faire du mal en groupe à quelqu’un d’un peu fragile etc. Et j’ai beau chercher aussi loin que je veux là où j’aurais pu apprendre ça ailleurs et je vois pas. Pas à la danse classique (certainement pas même), pas au collège, pas dans la rue.

L’aumônerie est vite devenu un repaire et un repère, un véritable foyer, hyper sécurisant et en même temps hyper marrant. à partir du lycée c’est là que j’ai eu mes premières expériences alcoolisées, mes premiers joints, mes premières amours, mes premières fêtes all night long. J’y ai vécu des vacances délirantes, des randonnées d’une semaine sans sanitaire à se doucher avec des tuyaux d’arrosage en maillots de bain ou même tout nu pour les plus téméraires. J’y ai connu mes premières batailles de gauche, mes premiers anarchistes anti-religieux qui pouvaient quand même pas s’empêcher de venir squatter parce qu’on était trop bien dans les gros canap’ de l’aumônerie. J’y ai connu les premiers discours musulman et juif. En gros j’y ai connu l’art du débat politique, religieux, athée.

J’y ai connu un prêtre nietzschéen et un prêtre ancien footballeur de ligue 1.

J’y ai connu l’expérience de groupe la plus sympathique.

Donc, oui. Je suis athée. Mais je crois fondamentalement en l’expérience de la pratique religieuse, dans ce que cela peut apporter comme valeurs et comme plaisir surtout.

Et quand j’ai eu mon bac, j’ai cessé toute pratique et en cela je me dis que ces 15 ans étaient réussis, j’y ai appris plein de choses sans pour autant avoir le cerveau lavé.

Robert Durst entre, pour moi, au palmarès des cas cliniques qui mériteraient d’être bien plus célèbres. Une notoriété un peu sale, certes, mais tellement intéressante…

Pour ce qui est de la série en elle-même, c’est la numéro 1 de mon année 2016.

The Jinx. en français « le porte-poisse », est une série documentaire de 6 épisodes, distribuée par HBO en 2015 et réalisée par Andrew Jarecki. C’est une sorte de Faites entrer l’accusé littéral et bien plus fou. Parce que il ne s’agit pas d’un simple documentaire, ce n’est pas seulement le film d’un objet ; le réalisateur est impliqué au delà de son rôle, c’est aussi le film d’une rencontre. Simplement voilà, cela n’a rien de mielleux ou de je ne sais quoi, blablabla, c’est une rencontre entre le sujet et l’objet, non. Je ne sais pas comment vous décrire cela sans trop vous en révéler. Mais pour user d’une métaphore, mettons que je suis une souris (= A. Jarecki le réal) et que j’adore le gruyère (= Bob Durst), alors j’en mange un peu de temps en temps, et un jour, un gruyère se met à émettre un fumet très attirant, je m’en approche et je tombe sur une montagne de gruyère, et je ne peux plus reculer, le fumet embaume jusqu’à une quasi hypnose, alors je commence à manger en sachant pertinemment que je me dirige sans doute vers des problèmes futurs, indigestion, obésité, cholestérol…

Donc en gros Jarecki s’est intéressé à Robert Durst bien avant 2015, il a réalisé un film fiction All good things avec Ryan Gosling et Kirsten Dunst qui reprend une enquête sur la disparition mystérieuse de la femme de Bob Durst. Disparition pour laquelle Bob n’a jamais été inquiété mais fortement soupçonné par tout l’entourage amical et familial, évidemment… Quand un ou une conjoint(e) se volatilise et ne donne plus jamais signe de vie, on ne peut s’empêcher de se demander comment fonctionnait le couple, étaient-ils heureux. Et puis dans ce genre d’affaire c’est souvent la personne la plus proche qui est susceptible d’être coupable. Pas besoin de chercher midi à quatorze heures.

Bob Durst par ailleurs, est l’un des héritiers d’une fortune immobilière de New-York. Il a une tête bizarre, entre le petit animal fragile et le monstre inquiétant. On ne sait pas à qui on a affaire. Et rien n’a jamais prouvé que Bob était un malade sanguinaire, il est surtout ce genre d’homme qui vit des choses pas drôles. C’est sur cette base que Jarecki lui a toujours laissé le bénéfice du doute, sans doute fasciné par le côté tout pourrait dire que c’est lui mais en fait peut-être pas.

Et c’est là que ça devient passionnant. Durst a vu le film All good things et l’a jugé tout à fait pertinent et se demande si Jarecki ne serait pas intéressé pour l’interviewer, car après tout, Durst n’a jamais communiqué sur ce qu’on lui reproche et il a refusé toutes les propositions d’interviewes. Cette fois c’est différent, la demande émane de Bob et c’est trop beau pour Jarecki, quelle aubaine, l’objet de fascination qui appelle de lui-même à être mis en documentaire. Reste à savoir qui sera le gruyère et qui sera la souris. Dans les deux cas, ce qui nous attend, nous spectateurs, c’est la mise en scène d’une indigestion. Qui en sera la victime ?

Le trailer en dit trop je trouve, je vous ai mis le superbe générique

ATTENTION SPOIL. A LIRE SI VOUS AVEZ VU LE DOC OU SI VOUS ETES SURS DE NE PAS VOULOIR LE VOIR OU ENCORE SI VOUS AIMEZ REGARDER QUELQUE CHOSE EN SACHANT A L’AVANCE TOUT CE QUI VA SE PASSER !

Est-on d’accord pour dire que Bobby est méga flippant. Se dégage de ce mec une impression inédite. Ca m’a évoqué ce qu’on apprend théoriquement sur la perversion en cours mais dont on ne voit que de petits traits en clinique, puisque le « vrai » pervers, s’il existe, se rencontre peu cliniquement, pas besoin de s’encombrer d’un psy. Ce documentaire est selon moi, un véritable cadeau. On écoute, on enquête, on est avec Jarecki, assis à côté de lui à essayer de déblayer le vrai du faux du discours de Bob.

J’ai vu cette série deux fois. Et les deux fois j’ai eu envie de croire Bob, malgré ses tics, malgré le fait que tout ( et tous ) était contre lui, malgré sa fuite, son travestissement en femme muette, son manque d’empathie, sa froideur animée de micro-sourires grimaçants. Je pense que ce mec a un talent fou de suggestion, quasi d’hypnotiseur, de naïveté faussement contrôlée, et ces traits de personnalité séduisent certains interlocuteurs alors même qu’ils tentent de s’en défendre. C’est déroutant. Ce mec est déroutant. Sa syntaxe est incroyable, remplie de négations, dénégations, dénis, tournures de phrase alambiquées.

Et puis ce procès pour le meurtre du voisin, où finalement c’est la légitime défense qui l’emporte et qui explique le fait qu’il ait réussi à découper et plonger le voisin dans l’océan… C’est magistral. Tour de maître de la perversion, défiant la Loi à la manière d’un jusqu’auboutiste sidérant ; passant du vol de sandwiches dans une épicerie alors qu’il est en cavale et blindé aux as, au fait même de participer à ce documentaire.

Enfin, à l’épisode 3, Bob parle tout seul, alors que l’interview est finie. Il a toujours son micro. On l’entend. Et l’une des personne du tournage, dans un élan d’éthique et de professionnalisme, vient le prévenir. C’est ce passage qui pour moi justifie toute la folie de la dernière scène. Sans ce passage de l’épisode 3, je pense que cela aurait presque pu m’attendrir. Ce type qui, parlant tout haut, passe aux aveux pendant qu’il est aux toilettes, sans se douter qu’il est écouté. Mais là, je me dis que c’est l’ultime perversion de Bob, un dernier défi « je sais qu’ils m’écoutent, je vais dire que je les ai tués ». Et bizarrement, je trouve que ces aveux ne valent pas grand chose (même si je doute très fort de son innocence), en revanche Bob a ce don pour angoisser ses interlocuteurs et spectateurs, et c’est là que se déploie selon moi, l’immensité du trait pervers, je suis là mais pas tout à fait, je vais parler tout haut et faire mine que oops je savais pas et finalement devoir se justifier encore devant les tribunaux et continuer de jouer. Voir où tout cela peut mener.

Le seul moment de faiblesse de Bob réside dans la surprise au moment où Jarecki lui montre une preuve quasi irréfutable de sa culpabilité. Il ne s’y attend pas. Il rote. Ce soubresaut vient en écho de ses tics à l’oeil, qui eux me semblent pourtant contrôlés. Mais ce rot. Il y a quelque chose d’un cartoon dans ce rot. Gloups. Je suis fichu. C’est finalement une fraction de seconde de reconnaissance de sa castration symbolique sur 6 heures de documentaire.

Avez-vous vu The Jinx. Qu’en pensez-vous ?

Pour aller plus loin et ne pas en rester à cette vidéo qui reste légère, j’ai voulu amorcer un début de discussion sur la difficulté de considérer la violence symbolique d’un fait de société et ses rapports avec des fantasmes singuliers, pas toujours très raccords avec ce que chacun de nous, comme citoyens, souhaitons pour que le vivre-ensemble et l’entre-soi se passent au mieux. La psychanalyse c’est pas de la charité (j’ai rien contre la charité mais ça n’en est quand même pas), et donc ça a ce côté chiant qui vient interroger le sujet sur ce qu’il fabrique. Même si le psy a envie de dire « mais c’est qui ce gros con ou cette grosse conne avec qui vous trainez. », il a plutôt intérêt à vous laisser dérouler le pourquoi du comment on en est arrivé à une situation pourrie. Ca ne veut pas dire que le psy ne prend jamais partie, même dans le cadre de l’analyse, mais si on commence à trop mélanger les fantasmes des uns et des autres, c’est comme sur instagram, trop de filtres et de contrastes, ça donne un truc tout caca boudin.

La grande question finalement est « est-ce la faute de la société dans laquelle je vis (avec toutes les idées et idéaux qu’elle véhicule) si ma vie c’est de la merde. » BORDEL REPONDEZ-MOI.

Le fantasme, les fantasmes, nos voiles intimes qui nous permettent de regarder le monde, ne sont pas tout rose et tout sympathique, empreints entièrement de bonne volonté et de gentillesse. Et d’ailleurs « l’enfer est pavé de bonnes intentions ». Alors, pour ceux d’entre nous qui arrivent à ne pas se mettre dans de « beaux draps » comme on dit, on s’offusque, on se demande comment la violence est possible, comment on peut en arriver à harceler des gens, à leur faire du mal etc.

Que les choses soient très claires, dès le début de cet article, je ne cautionne rien de ce qui relèvent d’actes hors la loi ou de maltraitance quelle qu’elle soit. Une fois ce grand principe énoncé, que fait-on. Je trouve cela formidable qu’on propose des numéros verts pour alerter des asso, l’Etat… de maltraitances qu’on subit dans l’intimité par exemple. Et pourtant on ne peut malheureusement pas expliquer simplement qu’une personne ait du mal à quitter un foyer violent, seulement avec les arguments du bourreau qui a de l’emprise sur sa victime. Dans ce cas là, c’est souvent une agression qui te tombe sur le coin de la gueule et la victime, si elle le peut, appelle tout de suite la police.

Si on prend ce que j’énonce dans ma vidéo, à savoir que la soumission et la passivité dans le fantasme de quelqu’un peuvent se concevoir épisodiquement, dans certains points de nos relations sociales ou amoureuses, au lit ou ailleurs ; on peut dès lors saisir que ce fantasme masochiste est peut-être très actif chez d’autres pour x ou y raisons. En aucun cas, je ne peux parler de « faute » ou « culpabiliser » quelqu’un qui resterait dans une situation malheureuse pour lui ou elle. Mais le temps psychique, le cheminement fantasmatique de lâcher une jouissance (qui n’est en aucun cas du plaisir ) est souvent, et c’est sans doute regrettable, plus long que ce que le corps peut supporter, et plus long surtout que ce que les autres voient d’une situation et qui se demandent légitimement. « mais qu’est ce que ce pote ou cette pote fout dans cette galère. »

Ca c’était la partie la + évidente des maltraitances, par exemple, conjugales, les + difficiles à traiter car tellement intimes.

Venons-en à la maltraitance quotidienne des femmes qui subissent le « harcèlement de rue ». Encore une fois, difficile pour moi de me mettre du côté de certaines femmes actuelles qui dénoncent toute forme de drague de rue comme du harcèlement. Impossibilité également pour moi de me situer du côté de quelqu’un qui ferait subir une oppression sur un autre être humain. Donc je vais me situer de mon côté. J’adore qu’on vienne me parler dans la rue. J’aime que quelqu’un me dise que je suis jolie, qu’il ait l’air d’une racaille, d’un mec de chantier, d’un gentleman, d’un cadre sup, d’un rocker etc. Quand je m’habille, je pense toujours aux autres – et non si je mets une mini-jupe, ça ne veut en aucun cas dire que je veux me faire violer, ni me faire traiter de pute – mais j’ai conscience que je ne suis pas seule dans le monde dans lequel j’évolue, qu’il y aura sans doute des regards. Entre nous, je me fais aussi aborder quand je suis en jogging échevelée le dimanche à 10h du mat’. Et en fait un humain me parle et je lui réponds, je me sens le droit de lui dire « pas envie de parler » ou de lui sourire, ou de dire « bonjour » ou d’engager une conversation.

Que les choses soient encore claires, je ne prescris aucune façon de penser, je conçois que d’être abordée 5 fois dans la journée et alpaguée puisse relever pour certain(e)s du harcèlement, mais j’aimerais que ces personnes puissent concevoir que pour d’autres cela ne constitue pas du harcèlement. Pour ma part, la plupart du temps ce sont des non-évènements, parfois c’est chiant et très souvent ça m’est agréable et ça me donne le sourire dans ma journée, aussi bizarre que cela puisse paraitre. Mon scénario n’est pas + vrai que l’autre mais je l’aime bien. Bon, en gros oui j’aime qu’on me reluque le cul, mais poliment !

Et enfin, il y a ce film de François Ozon qui met si bien en exergue la question du fantasme en lien avec un sujet de société, ce film c’est Jeune et Jolie. L’histoire d’une gamine de 17 ans, qui vit dans les beaux quartiers, qui n’a aucun problème d’argent et qui pourtant décide d’expérimenter la prostitution. Pareil, je ne vais pas rentrer dans le débat de la prostitution, c’est un sujet complexe, avec beaucoup de strates et de perspectives si on prend en compte les réseaux de proxénétisme. Dans ce film, il n’est pas question de cela, le réalisateur semble plutôt interroger ce qu’il en est d’une pratique sexuelle dans laquelle la transaction d’argent a son importance, avec toute la dimension fantasmatique que cela recouvre que de se vendre, là où la jeune fille n’en a pas le besoin matériel. Cela interroge la transgression adolescente, le surgissement du sexuel, qu’est ce que je fais de mon corps et de ses pulsions, merde qu’est ce que je vais bien pouvoir en foutre. Car c’est pas rien, un corps.

Et dans un autre style je vous conseille l’Å“uvre de Grisélidis Réal, peintre, écrivaine et prostituée qui rapporte avec ses mots son expérience singulière de la prostitution, c’est drôle, terriblement triste, et poétique, c’est humain.

Il y a quelques semaines, j’ai enregistré une émission sur RFI (émission entière ici) aux côté de Manon Bril (je pense que c’est un jeu de mots, sinon ses parents sont vraiment des petits filous) de la chaîne C’est une autre histoire et Léo Grasset de la chaîne Dirty Biology. Le thème de l’émission était « La vulgarisation des savoirs sur internet ». Et comment vous dire l’ennui profond que j’ai ressenti durant cette émission, que pourtant, j’étais en train d’enregistrer. C’est quand même le comble. Le ton, un peu chiant. Le contenu, absolument pas novateur. Les questions, sur les partenariats, la communauté, la vision de Youtube par les médias et très vite le métier de youtubeur, avec en exemple Cyprien (qui, il faut le dire est un grand vulgarisateur de savoir, j’en ai perso rien à foutre mais je vois pas le rapport avec la choucroute), comment gagner de l’argent, est-ce qu’on est une caution intellectuelle sur YouTube par rapport à d’autres qui pourraient dire n’importe quoi.

Je ne vais pas être de trop mauvaise foi. Je pense qu’en fait je n’avais rien à faire là. Cette émission ne rentrait pas du tout dans ma ligne éditoriale. Oui je suis diplômée, oui je suis reconnue par mes pairs, et alors. Je raconte peut-être de la grosse merde. Le blablabla sur avec qui on travaille. Y a-t-il une brèche pour le savoir, le savoir devient-il swagg. …… Attention à la posture, ai-je envie de répondre… Est-ce que ce créneau plait? est porteur? en gros y a-t-il des clients. Mets donc moi 5 étoiles, note-moi sinon je vais mourir de tristesse. (Voir l’épisode 1 de la saison 3 de Black Mirror, pour comprendre cette référence, série que par ailleurs je ne conseille pas vraiment, mais cet épisode vaut quand même le coup)

En fait, en sortant de là, je m’en suis voulu. Pas d’avoir accepté mais d’être entré dans le ton de l’émission, même si j’ai pu placer deux trois conneries. Il y a du boulot pour subvertir une place et une position. Le moule se rappelle à nous, la norme, la bien-séance, la politesse sociale et après tout la flatterie d’avoir été invitée. j’ai été débordée par la flatterie que cela m’a procuré. Ce putain d’ego. Alors qu’au fond, à la plupart des questions, j’avais envie de répondre « sincèrement tes questions je m’en balance ». D’ailleurs à un moment l’animateur a noté que j’avais l’air accablé ahahah. Mais oui. car je veux parler de l’accès au savoir, de problématiques autres dans notre société que de comment fonctionnent techniquement nos trois chaines YouTube, est-ce que vraiment les gens en ont quelque chose à foutre de savoir qu’on a des partenariats, du challenge qu’on s’est auto-lancé, de cette aventure incroyable qu’est la sphère YouTube, de combien on gagne et du nombre de commentaires qu’on reçoit ?

J’insiste sur le fait que c’est mon ressenti et qu’après tout je ne m’en prends qu’à moi-même. Je m’en veux parce que je me suis laissé prendre au jeu de perdre mon éthique à ce moment, au sens éthique du sujet, me suis sentie fausse, bonne élève, et ça bah, je peux pas en vouloir aux autres. J’aimerais un jour avoir l’audace gainsbourgienne de répondre à côté de la plaque quand j’estime que ça ne sert pas mon message.

Je transmets ce qui peut se transmettre, qu’est-ce à dire. pas grand chose. Le mot porte la trace du manque. Ca parle mais ça manque surtout !

Et… le savoir de surcroît (comme l’a si bien interprété une amie l’autre jour à propos de ce que j’essaie de faire sur ce putain de YouTube)

Sur ce. Très bonne soirée les gens !

« Semblant d’explication paranoïaque » sur la chaîne MetaMardiNoir. chaîne secondaire, chaîne signifiante de la première qui me permettra de proposer un contenu différent des classiques Psychanalyse-toi la face, que ce soit toujours sur un thème psychanalytique ou sur des divagations autres.

La semaine dernière, j’ai été invitée à l’université de Nanterre pour donner un cours sur la paranoïa à des étudiants en Licence 1. Genre le méga stress. Alors que je suis diplômée et que je m’exerce à la synthèse de concepts sur le web depuis un an. D’ailleurs c’est drôle, il y a un an j’avais dit « ouais à la semaine prochaine pour une explication de la paranoïa » et puis j’avais disparu. Pour ceux qui ont manqué ce petit court-métrage il est ici !

Mais en fait ce qui est marrant, enfin marrant, je sais pas si c’est le bon mot, mais employons le à défaut d’un autre. Quand je m’y suis rendue, j’avais cette vague boule d’angoisse comme avant un exposé, quand tu sais que tu vas devoir parler à une petite assemblée. Peur de bafouiller, pire. de vomir sur la table, encore pire. de décompenser et se mettre à insulter tout l’auditoire, en hurlant des chansons qui n’existent que dans ma tête. Et … bref… Venons-en à ce qui est marrant. ce jour-là, dans ma vie de base, à côté de ce micro-évènement « donner un cours », il n’y avait pas grand chose à signaler, tout allait à peu près bien, voire j’étais même un peu heureuse, ce qui a tendance à accentuer l’aura qu’on dégage.

Etre dans une position de prof, donc de sujet supposé savoir, c’est déjà envoyer un peu du lourd pour un minot de 20 ans. Si t’ajoutes à ça, le fait que la meuf, en l’occurrence, ici, moi, est plutôt fraiche, alors là en tant qu’étudiant t’es juste en mode wah c’te classe la gonz’.

Et le lendemain, sans vous donner aucun détail de ma vie privée, m’est tombé dessus un truc tout pourri. Le genre de truc qui te fait morver dans ton lit et qui te fait dire p’tain la vie c’est d’la merde, j’emmerde tout le monde, puis t’façon je sers à rien, toutes les choses un peu sympa de tous les jours perdent du sens, et t’es là, à errer tel un zombi qui a conscience de sa condition de zombi, l’ENFER !

Ca m’a inspirée. J’avais enregistré au dictaphone le cours sans trop savoir si j’allais l’utiliser ni comment. Et puis pendant ces jours de lose intense, j’ai trouvé ironique cette posture de maître en contraste avec cet état désespéré chez moi. Alors, évidemment, on le sait que les profs, les psy, les médecins sont humains et blablabla mais tout de même, petit quand on croise sa maitresse à Prisunic en tenue du dimanche, échevelée, ça fait toujours un choc.

Qu’à cela ne tienne, j’ai eu envie de mettre en scène ce choc. Faire tomber le masque (même si j’ai pas pu m’empêcher de me maquiller ahahah)